Assis sur le lit, la tête entre les mains il se remettait de ses émotions. Il n’arrivait pas à dormir. L’expérience était nouvelle pour lui. Jamais il n’avait ressenti cela. L’air conditionné sur sa peau nue avait même quelque chose de nouveau. Son cœur qui battait à jusqu’à rompre sa poitrine, une heure plus tôt, était maintenant serein. Trop serein même. Il aspira une grande bouffée d’air. Une odeur de sueur mêlée à un doux parfum lui chatouilla les narines. C’était son parfum à elle. Il le reconnaitrait entre mille. A cette pensée, il se souvint qu’il n’était pas seul. Il tourna la tête.
Elle était là, couchée près de lui. Assoupie. Elle respirait doucement. Sa divine poitrine se soulevait à chaque bouffée d’air qui entrait. Telle une invite. Il n’avait qu’à tendre le bras pour sentir sous ses doigts la douceur de sa peau. Ses longs cheveux soyeux, éparpillés sur l’oreiller décrivaient un chaos d’une beauté indescriptible. Sa bouche entrouverte avait quelque chose d’un peu trop sensuel. Comme si elles appelaient désespérément un baiser. Se bras ouverts semblaient ne plus attendre que lui pour se refermer.
C’était sa première fois, leur première fois. Et sans doute pas la dernière. Cette évocation fit renaitre ses angoisses. Il n’aurait jamais cru en arriver là. On aurait eu du mal à le croire si cela venait à s’apprendre. C’était pratiquement impossible. Un bourdonnement attira son attention. Sur la commode, un téléphone vibrait depuis un moment. Le sien. Il n’avait envie de parler à personne.
«si tu ne veux pas répondre éteins le…». La voix douce et endormie était pourtant sans appel.
Il se tourna et lui esquissa un sourire. Un sourire feint. Il redoutait de savoir qui l’appelait mais s’exécuta. Il se doutait déjà de qui il pouvait s’agir. Le nom sur l’écran du téléphone dernière génération lui donna raison. Il prit son temps, mis un caleçon, se saisit du téléphone et sortit sur le balcon.
A l’autre bout du fil la voix se faisait impatiente, à la fois douce, chaude et câline. Il lui rendit la pareille. «J’étais occupé c’est pour ça que j’ai tardé à répondre… oui, oui tout se passe bien t’en fais pas… vous allez bien là-bas ?» il resta naturel. Jusqu’au bout. La voix dit «je t’aime» pour finir. Là il hésita puis doucement il répondit : moi aussi. En raccrochant il lâcha un soupir. Au moins il n’avait pas menti. Il était bel et bien occupé et il l’aimait vraiment. Il restait donc un peu de l’homme qu’il avait connu.
Son regard se perdait dans le vide quand une douce main se posa sur son épaule. «Tout va bien ?» lui demanda-t-elle. Il ne répondit pas, trop absorbé à la regarder. Elle se tenait là, près de lui, légèrement enveloppée du drap telle une toge romaine. Telle Agrippine. Tendrement elle se colla contre lui. Il pouvait sentir la douceur de sa peau contre la sienne. Une brise légère souffla et elle se serra un peu plus. Elle l’embrassa dans le cou. Il fondit. Doucement elle le tira vers l’intérieur. Il se laissa aller. Il ne pouvait résister. Il l’enlaça. C’était repartit pour un tour.
Ses angoisses s’étaient envolées d’un coup. Il oublia tout. Il oublia son nom, qu’il avait 29 ans et marié depuis un an. Il oublia qu’aux yeux de tous il paraissait pour un saint et que pour la première fois de sa vie il trompait celle qui, à l’instant, lui parlait au téléphone, celle qui dans son sein porte son enfant, celle a qui il avait juré fidélité.
Sa vie venait de basculer, il se découvrait un visage nouveau. Il n’était plus le même et il se devait d’assumer.
Fin épisode 1, à suivre…
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